La thyroïde, glande située dans le cou, produit des hormones qui régulent le métabolisme. Elle est absolument fondamentale pour que notre corps fonctionne correctement. Les problèmes de thyroïde peuvent entraîner différents symptômes, selon que la thyroïde est en hypofonctionnement ou hyperfonctionnement.
Si vous souffrez de problèmes de thyroïde, certains aliments sont à privilégier, et d’autres à limiter ou éviter. Je vais aujourd’hui vous parler de ces aliments interdits en cas de problèmes de thyroïde. En réalité, vous le verrez, la plupart ne sont pas « interdits » au sens strict du terme, mais « à éviter » ou « à limiter ».
Les recommandations de cet article sont à inclure dans une hygiène de vie globale, pour les personnes ayant une dysfonction de la thyroïde, avec ou sans traitement médical. En aucun cas elles ne remplacent un traitement médical. N’hésitez pas à communiquer à ce sujet avec votre médecin.
Y a-t-il donc des aliments interdits en cas de troubles thyroïdiens, et si oui, lesquels sont-ils?
Je vais donc vous parler :
- des aliments goitrogènes et du soja
- des aliments riches en iode
- des produits ultra-transformés
- Les aliments riches en sucre et à index glycémique élevé
- Des mauvais gras
- Des pesticides, insecticides et autres produits chimiques dans les aliments
- Du gluten et des laitages.
1. Les aliments riches en goitrogènes et le soja :
ça dépend des cas
En hypothyroïdie

On entend souvent que les aliments goitrogènes sont interdits en cas d’hypothyroïdie. En réalité, on doit simplement les limiter. En effet, consommés crus, ils ralentissent le fonctionnement de la glande thyroïde en inhibant la captation de l’iode. Or, l’iode est un élément indispensable à la production des hormones thyroïdiennes. Les aliments goitrogènes sont : tous les crucifères (aliments de la famille des choux), le cresson, le navet, le rutabaga, la roquette, le radis, le raifort, la patate douce, le millet, les fèves de soja, le colza, le manioc.
Cependant : des études montrent que la cuisson inhibe en bonne partie cet effet goitrogène. Et heureusement, car ces aliments ont plein de vertus, notamment les choux : ils sont anti-inflammatoires, soutiennent l’action du foie, combattent la dominance oestrogénique, sont plein d’anti-oxydants et participent à un microbiote sain.
Le soja quant à lui aurait des effets goitrogènes uniquement en cas de déficience en iode et de problème de thyroïde. Il bloque l’activité de la TPO (enzyme nécessaire à la fabrication de l’hormone T4). En revanche, certaines preuves suggèrent que les aliments à base de soja, en inhibant l’absorption d’iode, peuvent augmenter la dose d’hormone thyroïdienne requise par les personnes hypothyroïdiennes. Ceci nécessite donc de doser l’iode régulièrement. A noter que chez certaines personnes ayant la maladie auto-immune d’Hashimoto ou de Basedow, le soja est à éviter. Certains études rapportent d’ailleurs que le soja est impliqué (pas à lui seul) au développement de maladie auto-immunes. Je vous invite à voir l’effet qu’a le soja sur vous, et à réduire votre consommation si nécessaire.
Comme source de soja, je vous recommande de consommer des aliments à base de tofu lacto-fermenté, ou du miso, et de limiter néanmoins à 2 fois par semaine. A noter que le soja reste à éviter en cas de cancers hormono-dépendants. Je vous parlerai dans un prochain article des phyto-oestrogènes, et de l’hyper-oestrogénie relative (un des facteurs d’hypothyroïdie).
Donc, pour conclure, une consommation modérée d’aliments goitrogènes (hors soja) serait acceptable pour les personnes en hypothyroïdie (par ex 1 fois par semaine cru, et 2-3 fois par semaine cuits à la vapeur douce). Je vous invite à être à l’écoute de vos ressentis selon votre consommation.
En hyperthyroïdie
Dans ce cas, consommer des aliments goitrogènes crus de préférence freinera la thyroïde en sur-régime, ce qui serait bénéfique. Comme dit plus haut, les crucifères notamment sont super intéressants à plein de points de vue. Citons ici par exemple le chou kale: celui-ci, en plus d’avoir cette action freinatrice de la glande papillon, apporte plein de calcium bien assimilable (bien en hyperthyroïdie, qui provoque une diminution de la densité osseuse), et qui a une action anti-proliférative. D’une manière générale en cas d’hyperthyroïdie, je vous indique d’autres approches naturelles de soutien dans l’article Les conseils naturels de l’hyperthyroïdie.
2. Les aliments riches en iode…cela dépend aussi

En hypothyroïdie
Donc pour prendre soin de sa thyroïde, et en hypothyroïdie, l’alimentation doit apporter de l’iode. Or, plus de 50% des Français seraient carencés. Si vous n’avez plus de thyroïde, l’iode reste nécessaire pour d’autres fonctions du corps, mais ne l’est plus pour la fonction thyroïdienne.
L’iode se trouve dans les aliments suivants: poissons de mer, crustacés, algues (attention aux sources, afin d’éviter les métaux lourds), œufs, laitages. Le sel de table enrichi en iode n’est pas idéal car raffiné et contenant des additifs ; le sel doit dans tous les cas être utilisé avec modération, et être non raffiné, en raison des risques sur le plan cardio-vasculaire, des œdèmes, et de son effet acidifiant. L’iode est cependant très volatil, donc si la salière reste ouverte, ou lors de la cuisson (du poisson par exemple), une bonne partie de l’iode aura disparue.
A savoir aussi que le niveau d’iode baisse en cas de tabagisme, et de sport intensif.
Pour une bonne fonction thyroïdienne, il faudrait apporter 150µg/j d’iode (sauf en hyperthyroïdie, et pas au-delà en cas d’Hashimoto), alors que la consommation actuelle des Français est plutôt de la moitié. En cas d’hypothyroïdie, vous pouvez consommer 5g d’algues sèches en paillettes ou 30g réhydratées non cuites. Vous les trouverez en magasin bio : dulse, wakamé, haricots de mer, laitue de mer, et nori qui en contient moins. L’algue kombu en contient beaucoup, et est à cuire (donc une partie s’évaporera).
Les algues ne vous disent rien ? Je vous recommande de tester le tartare d’algues ! Très facile à faire soi-même, ou à acheter en magasin bio.
Les algues sont à consommer environ 2 fois par semaine étant donné qu’elles concentrent hélas aussi les métaux lourds, et que bien qu’il faille avoir un niveau d’iode minimum, un excès n’est pas non plus souhaitable pour la thyroïde.
En hyperthyroïdie
A l’inverse, en hyperthyroïdie (hors maladie de Basedow), on conseille généralement de limiter l’apport en iode, donc le sel iodé, les poissons de mer, les algues, les laitages. Vous privilégierez donc les poissons d’eau douce.
En cas de maladie auto-immune de Basedow, des études ont montré que bon nombre de personnes étaient en fait carencées en iode. Donc dans ces cas, je vous recommande plutôt de faire vérifier votre statut en iode, avant de limiter tout apport iodé. D’une manière générale, les apports importants en iode (compléments, ou algues par exemple) nécessitent d’avoir une balance oxydative correcte, dont assez de sélénium.
Dans tous les cas, d’une manière générale, en cas de troubles thyroïdiens, il est recommandé de doser son statut en iode (dans les urines de 24 heures) régulièrement.
3. Les produits ultra transformés, interdits en cas de troubles de la thyroïde
– ils contiennent souvent des additifs alimentaires,
– ils ont aussi très souvent un index glycémique élevé,
– ils ne sont pas naturels,
– ils sont généralement riches en mauvais gras,
– ils sont souvent très / trop salés.
Tout ceci affecte la fonction thyroïdienne (sans parler du reste).
A éviter donc : les paquets avec une liste à rallonge d’ingrédients, notamment des ingrédients que vous ne pouvez pas acheter : certains surgelés, conserves, biscuits apéritifs, sodas, … mais aussi des aliments qui semblent sains mais sont en fait un assemblage d’ingrédients, d’additifs, pas du tout naturels.
4. Les aliments riches en sucre et à index glycémique élevé

Selon le Dr Clayes, cet excès engendre notamment un épuisement de l’hormone T3. Or la T3 est chargée de la transformation du sucre en graisses.
De plus, ils favorisent le surpoids, les maladies cardio-vasculaires et le syndrome métabolique, qui font souvent partie du tableau clinique de la personne en hypothyroïdie.
Attention, ce n’est pas parce qu’en hyperthyroïdie on produit trop de T3 qu’il faut consommer plein de sucres pour le réduire ! Le sucre reste acidifiant et inflammatoire, et les excès sont à éviter d’une manière générale, ou à limiter aux grandes occasions.
Il s’agit :
- de tout sucre ajouté (quitte à ajouter un peu de sucre, je vous invite à privilégier le sucre complet),
- du sucre blanc dans les préparations maisons,
- des céréales blanches (pour le pain, les pâtes, le riz),
- et de tous les excès sucrés (y compris les excès de sucre complet et de fruits),
Tout sucre est-il donc interdit en cas de troubles thyroïdien? Non, nous en avons besoin, mais privilégiez les versions semi-complètes ou complètes si vos intestins les supportent bien sûr. Vous pouvez aussi avantageusement les remplacer par du quinoa, des tubercules (courges par exemple), du sarrasin. A noter que l’avoine sera bénéfique en cas d’hypothyroïdie.
5. Les mauvais gras
De même, trop d’acides gras saturés sont pro-inflammatoires et rigidifient les membranes des cellules, qui ne peuvent fonctionner plus de manière optimale. On trouve les acides gras saturés principalement dans les viandes et laitages, et dans les produits frits et panés. Les viennoiseries en contiennent une bonne dose aussi. Trop d’omégas 6 (huiles de tournesol, maïs, pépins de raisin, animaux nourris aux céréales, oléagineux – sauf noix) n’est pas souhaitable non plus, en comparaison aux omégas 3. En effet, ils favorisent l’inflammation aussi. Je dis bien « trop », c’est-à-dire que nous avons besoin de ces acides gras, mais sans excès.
Pour un bon fonctionnement de la fonction thyroïdienne, misez sur les omégas 3, que vous trouverez dans les petits poissons gras notamment, et dans les huiles végétales de lin, noix, cameline par exemple.
A noter que les noix du Brésil apportent du sélénium et en consommer 2 par jour en cas d’hypothyroïdie est recommandé.
6. Les pesticides et insecticides dans les aliments

7. Le gluten et les laitages : aliments interdits dans les thyroïdites de Hashimoto et Basedow

L’explication:
On a retrouvé des taux significativement élevés d’anticorps anti-gluten chez des personnes ayant la maladie d’Hashimoto. D’après le Dr Gimbert, ceci serait dû à la ressemblance trompeuse entre la gliadine et celles des tissus thyroïdiens. De fait, un régime sans gluten améliore sensiblement l’état de santé des personnes ayant une maladie auto-immune, et singulièrement l’hypothyroïdie d’Hashimoto. Parallèlement, et pour les mêmes raisons, le lait animal (de vache surtout, mais aussi brebis et chèvre) favorise aussi les maladies auto-immunes, à cause de la caséine. Celle-ci tend à aggraver l’hyperméabilité intestinale et à impacter le système immunitaire.
Donc, que faire ?
Les laitages se trouvent dans les laits animaux (vache / brebis / chèvre), poudre de lait, yaourts, fromage, crème fraîche, beurre, et tous les laitages cachés dans de nombreuses préparations industrielles (poudre de lait,…) comme les gâteaux, certains pains bio industriels, etc.
Le gluten se trouve dans les céréales suivantes : seigle, avoine (sauf ceux « sans gluten »), blé, orge, l’épautre, le petit épautre, le kamut. Donc, on trouve du gluten dans tous les produits contenant les céréales listées ci-dessus : pains, pâtisseries, pâtes, semoule, …
En les enlevant, attention à ne pas générer des carences en nutriments et micro-nutriments (calcium et autres minéraux, fibres, glucides etc). Pour donner un exemple, le pain de mie industriel sans gluten, même bio, étant ultra-transformé, est loin d’être la solution idéale. Il faut donc trouver comment les remplacer (le calcium par exemple se trouve dans pleins d’autres aliments), ou plutôt, il s’agit de revoir sa façon de s’alimenter d’une manière globale. Vous pouvez vous faire accompagner afin d’être sûr de ne pas vous retrouver carencé, et pour garder la motivation grâce à des recettes saines et faciles tout en étant délicieuses.
En conclusion, quels sont les aliments interdits en cas de troubles de la thyroïde ?
- Les aliments ultra-transformés et trans sont interdits en cas de problèmes de thyroïde, ou au moins à limiter très fortement.
- Les aliments trop sucrés (et à index glycémique élevé), et ceux avec trop de graisses saturées ou omégas 6, sont à limiter.
- Les aliments non bios sont à limiter aussi.
- Dans le cas des maladies auto-immunes de la thyroïde : Hashimoto et Basedow, il est recommandé de revoir son alimentation aussi : faire une éviction du gluten et des produits laitiers (pas n’importe comment, au risque de se retrouver carencé).
- En ce qui concerne les aliments sources d’iode, ils seront à limiter en cas d’hyperthyroïdie, mais au contraire à intégrer en cas d’hypothyroïdie.
- Inversement, les aliments goitrogènes seront à intégrer en cas d’hyperthyroïdie et à limiter (et à cuire à la vapeur douce) en cas d’hypothyroïdie.
J’espère que ces conseils vous auront été utiles, et que les explications fournies vous aideront dans vos choix. En cas de questions, n’hésitez pas à me contacter.
Sources:
- Livre du Dr Claeys « En finir avec l’hypothyroïdie »
- Livre du Dr Gimbert « Thyroïde, arrêtons le massacre »
- Livre de E. M. Osansky « Natural treatment solutions for Hyperthyroidism and Graves’ disease »
- Livre de I. Wentz « Hashimoto Thyroiditis – Root Cause »
- The role of micronutrients in thyroid dysfunction – PubMed (nih.gov) – Sudan J Paediatr. 2020; doi: 10.24911/SJP.106-1587138942
- Effects of soy protein and soybean isoflavones on thyroid function in healthy adults and hypothyroid patients: a review of the relevant literature – PubMed (nih.gov) – Mark Messina, Geoffrey Redmond ; doi: 10.1089/thy.2006.16.249

Je suis Céline Jablonski, praticienne naturopathe à Paris, certifiée, adhérente au Syndicat des Professionnels de la Naturopathie, et aussi formatrice en école de naturopathie. J’aide les personnes à retrouver un équilibre physique et émotionnel via les techniques naturopathiques (alimentation, activité physique, gestion du stress, usage de plantes…).
Via ce blog, je vous partage d’une manière accessible des connaissances et expériences que je trouve utiles, pour vous permettre d’aller mieux.
Ces conseils ne remplacent ni ne doivent vous priver de consulter votre professionnel de santé.