Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un sujet dont on parle peu (je trouve) mais pourtant important : l’intolérance à l’histamine, souvent dû à un déficit en l’enzyme dont nous allons parler plus loin (15% de ces personnes ont ce déficit).
Chacun a son niveau d’intolérance à l’histamine. L’intolérance à l’histamine est souvent confondue (de par ses signes non spécifiques) avec d’autres troubles, et peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie. Dans cet article, nous verrons ce qu’est l’intolérance à l’histamine, ses signes (très variés !), et comment une approche naturelle peut aider à atténuer les réactions indésirables.
A noter que l’intolérance à l’histamine est liée à des troubles digestifs et les troubles listés ci-dessus, mais aussi la fibromyalgie, les migraines et le TDAH.
L’histamine : un acteur clé dans notre organisme
L’histamine est une molécule appartenant au groupe des amines biogènes. Elle joue un rôle crucial dans divers processus de l’organisme (pas que dans les réactions allergiques). C’est un médiateur chimique produit naturellement par certaines cellules, notamment les mastocytes, et qui est libéré suite à divers stimuli.
Voici ses rôles:
- Elle intervient dans la régulation de la réponse immunitaire, la transmission nerveuse, la régulation de la sécrétion d’acide gastrique, et la vasodilatation. Elle est donc essentielle.
- Lorsque l’organisme détecte des menaces potentielles, comme des allergènes, des irritants, les mastocytes libèrent de l’histamine en réponse à ces stimuli. Ceci déclenche des réponses physiologiques qui visent à protéger l’organisme contre ces menaces perçues.
- L’histamine est un élément clé de la réponse inflammatoire. Elle favorise la vasodilatation, ce qui va permettre à plus de cellules immunitaires d’atteindre la zone touchée. Cela peut provoquer des symptômes tels que rougeur (rubor), gonflement (tumor) et chaleur (calor), des signes classiques d’une réaction inflammatoire.
- Histamine et réactions allergiques : l’histamine est souvent associée à des symptômes d’allergie tels que les éternuements, les démangeaisons, et l’écoulement nasal / rhinites. Cela est dû à l’effet de l’histamine sur les tissus et sur les récepteurs spécifiques.
L’histamine est d’origine endogène (produite par le corps) et exogène (provenant de l’alimentation). A noter qu’un excès d’histamine d’origine alimentaire entraîne une augmentation de la production endogène !
Les causes de l’intolérance à l’histamine
Les causes de l’intolérance à l’histamine sont variées, selon les individus.
Selon l’article «Intolérance à l’histamine et prise en charge diététique : une revue complète», certaines personnes sont plus sensibles que d’autres : celles souffrant de maladies respiratoires et coronariennes, de problèmes d’hypertension ou alors de carence en vitamine B12, les personnes souffrant de problèmes gastro-intestinaux (syndrome du côlon irritable, maladie de Crohn, …), et celles prenant certains types de médicaments (comme ceux réduisant l’activité de la MAO : certains anti-dépresseurs).
- Facteurs génétiques : certaines personnes ont une prédisposition génétique à une production ou une dégradation altérée de l’histamine. Peut être responsable un déficit en diamine oxydase (DAO) (voir ci-dessous). Un déficit entraîne donc une libération excessive d’histamine. Ce déficit peut être causé par des facteurs génétiques, des altérations de la muqueuse intestinale (et vice versa) ou des conditions médicales sous-jacentes.
- Déficit en DAO (Diamine Oxydase) :La DAO est l’enzyme principale impliquée dans la dégradation de l’histamine dans le corps. Un déficit en DAO peut entraîner une accumulation d’histamine, augmentant ainsi le risque de symptômes liés à l’intolérance. Une barrière digestive de qualité joue un rôle crucial dans la limitation d’histamine absorbée.
- Problèmes de métabolisme de l’histamine : Des troubles métaboliques, tels que la mastocytose, peuvent être en cause. Dans ces cas, les mastocytes libèrent de grandes quantités d’histamine, provoquant des symptômes associés à une intolérance accrue à cette substance.
- Problèmes de détoxification : Les problèmes liés à la détoxification du foie peuvent également contribuer à l’intolérance à l’histamine. Si le foie ne peut pas décomposer et éliminer efficacement l’histamine, cela peut entraîner une accumulation dans le corps.
- Syndrome de l’Intestin Irritable (SII) : Des recherches suggèrent qu’il existe un lien entre le SII et l’intolérance à l’histamine. Les déséquilibres intestinaux associés au SII peuvent perturber la dégradation normale de l’histamine, contribuant ainsi à une accumulation.
- Le stress augmente la production d’histamine.
- L’alimentation: consommer en excès (par rapport à sa propre tolérance) des aliments contenant de l’histamine ou favorisant sa libération est néfaste, mais l’est aussi un excès de consommation de féculents, qui augmentent la flore responsable de la fabrication endogène d’histamine.
Signes de l’intolérance à l’histamine
L’intolérance à l’histamine peut se manifester par une gamme variée de symptômes, souvent subtils et parfois difficiles à diagnostiquer. La reconnaissance de ces signes est cruciale pour établir un lien entre les choix alimentaires, l’environnement et le bien-être global, permettant ainsi une gestion proactive de cette sensibilité particulière.
- Signes digestifs : douleurs, ballonnements, diarrhée, constipation…
- Signes dermatologiques : démangeaisons et urticaires, flush cutané (rougissement soudain de la peau).
- Signes respiratoires : une sensibilité à l’histamine peut provoquer des symptômes similaires à ceux des allergies saisonnières : congestion nasale, éternuements… L’intolérance à l’histamine peut aussi entraîner des problèmes respiratoires, tels que l’asthme.
- Signes neurologiques : l’histamine peut influencer les vaisseaux sanguins du cerveau, contribuant aux maux de tête et migraines (quasi 90% des personnes à tendance migraineuses ont un déficit en DAO selon une étude). Certains aliments sont particulièrement déclencheurs.
- Signes généraux : les réactions histaminiques peuvent être épuisantes pour le corps, contribuant à une sensation générale de fatigue. Notamment, les personnes souffrant de fibromyalgie ont souvent un manque de DAO, et il a été montré que supplémenter en DAO peut les aider.
La variété des symptômes liés à l’intolérance à l’histamine et leur non-spécificité montre la complexité de cette sensibilité. Voyons à présent quels aliments éviter et lesquels favoriser pour minimiser la charge histaminique et atténuer ces symptômes.
L’alimentation pour gérer l’intolérance à l’histamine
Certains aliments sont connus pour avoir une teneur élevée en histamine ou pour libérer davantage de cette celle-ci, tandis que d’autres peuvent aider à atténuer les symptômes:
Aliments à éviter :
- Aliments fermentés : Les aliments fermentés, tels que le vin, la bière, le vinaigre, et les aliments fermentés comme la choucroute, le kimchi ☹, peuvent être riches en histamine, les produits à base de levure, la charcuterie aussi.
- Produits laitiers matures : Les fromages affinés et d’autres produits laitiers fermentés peuvent également être problématiques.
- Aliments riches en histamine tels que les tomates, les aubergines, et les épinards, cornichons, certains poissons dont le maquereau, les anchois, le thon (encore plus quand les poissons sont fumés), le chocolat.
- Aliments libérateurs d’histamine comme les agrumes, les fraises, et les noix.
Aliments à favoriser :
- Viandes et poissons frais : Les viandes et les poissons frais sont généralement bien tolérés par ceux qui souffrent d’intolérance à l’histamine.
- Fruits et légumes frais : Optez pour des fruits et des légumes frais plutôt que des versions plus « mûres », cueillies / récoltées depuis longtemps ou fermentées.
- Céréales sans gluten : Les céréales sans gluten, comme le sarrasin et le quinoa, peuvent être préférables pour certaines personnes.
- Certaines huiles végétales notamment celles riches en omégas 3 (périlla, noix, lin) : en effet, les lipides augmenteraient la DAO dans la lymphe intestinale.
- Les aliments riches en antihistaminiques et/ou en vitamine C, comme certains fruits rouges (cassis, myrtille) (pas d’agrumes !), le thé vert, le brocoli, l’ortie en tisane ou en poudre, le persil.
- Note sur la cuisson : les résultats d’une étude montrent que certains aliments grillés présenteraient une teneur en histamine plus importante que crus ou bouillis. C’est le cas des fruits de mer (moins d’histamine crus ou bouillis que grillés), et de la viande (moins quand celle-ci est bouillie vs grillée). Enfin, les légumes frits avaient des niveaux d’histamine plus élevés que les légumes crus. Concernant les œufs, il n’y avait que peu de différence dans le taux d’histamine selon le mode de cuisson.
- Les restes peuvent augmenter la teneur en histamine, alors essayez de consommer les aliments rapidement après leur préparation.
- Tenir un journal alimentaire peut aider à déterminer les aliments auxquels une personne est sensible.
Les compléments et les plantes pour gérer l’intolérance à l’histamine
Avant tout, il faudra travailler le terrain, et notamment au niveau du système digestif, et l’alimentation.
Mais certains compléments peuvent aussi aider. Voici quelques propositions (liste non exhaustive) :
- Les suppléments enzymatiques : certains laboratoires proposent des suppléments de DAO qui peuvent être pris avant les repas pour aider à dégrader l’histamine ingérée.
- La vitamine C (acide ascorbique) joue un rôle crucial dans le bien-être global et elle participe à modérer la libération d’histamine.
- Quercétine :C’est un flavonoïde, il a des propriétés antihistaminiques.
- D’autres vitamines et minéraux sont importants pour la DAO, comme le magnésium qui aide à limiter la dégranulation des mastocytes, la vitamine D qui stabilise les mastocytes, les vitamines B6 et B12.
- Les plantes pour gérer l’intolérance à l’histamine : les bourgeons de cassis, l’ortie.
Autres
D’autres techniques de la naturopathie vont venir ici en soutien aussi:
- L’importance de la gestion du stress : comme nous l’avons vu, le stress a impact sur les niveaux d’histamine, donc les techniques de gestion du stress sont les bienvenues.
- L’hydratation : « L’eau emporte plus qu’elle n’apporte » dit-on en naturopathie. L’eau est essentielle pour soutenir l’élimination des toxines, y compris l’histamine.
- L’activité physique : l’activité physique régulière favorise la circulation sanguine et le métabolisme, contribuant ainsi à une gestion équilibrée de l’histamine.
- Tenir un journal alimentaire peut aider à identifier les déclencheurs spécifiques.
Conclusion
L’histamine est essentielle au bon fonctionnement de l’organisme … à dose « normale ».
Comme l’écrit un article paru dans Science Direct « l’intolérance à l’histamine résulte d’un déséquilibre entre la consommation d’aliments riches en histamine et l’insuffisance des capacités de l’organisme à l’éliminer … ». Mais, en excès, ou en cas de déficience de l’enzyme DAO ou à cause d’une barrière intestinale en mauvais état (ou de prise de substances réduisant la DAO), elle peut être à l’origine de phénomènes inflammatoires et allergiques lorsqu’elle se trouve en excès. Consulter un allergologue permettra de savoir si vous souffrez d’allergie ou d’intolérance à l’histamine.
En parallèle, privilégiez les repas faits maisons en tenant des conseils alimentaires donnés ci-dessous, pratiquez une technique de gestion du stress, prenez soin de vos intestins, et voyez si certaines plantes et / ou compléments peuvent aider. Pour ces derniers (plantes et compléments), regardez bien les précautions d’emploi et contre-indications, ou faites-vous accompagner par un naturopathe. Bien sûr n’hésitez pas non plus à vérifier auprès de votre médecin par rapport aux interactions avec vos médicaments. Par exemple, la quercétine peut diminuer l’absorption de l’iode (nécessaire à la fonction thyroïdienne).
SOURCES, autres que celles déjà dans cet article:
Exogenous Supplementation with DAO Enzyme in Women with Fibromyalgia: A Double-Blind Placebo-Controlled Clinical Trial (2023)
https://doi.org/10.3390/jcm12206449
Nutrients regulate diamine oxidase release from intestinal mucosa (1998)
https://journals.physiology.org/doi/full/10.1152/ajpregu.1998.275.4.R969
Effect of Different Cooking Methods on Histamine Levels in Selected Foods (2017)
https://anndermatol.org/DOIx.php?id=10.5021/ad.2017.29.6.706
Quercetin and Its Anti-Allergic Immune Response (2016)
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27187333/#:~:text=Quercetin%20is%20known%20for%20its,suppresses%20interleukin%20IL%2D4%20production
Effect of stress on brain histamine (1978)
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/569863/#:~:text=Exposure%20to%2015%20min%20stress,plasma%20corticosterone%20level%20remained%20elevated
Dosage de la vitamine C dans le sang (mai 2018)
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-04/argumentaire_vitamine_c_vd.pdf
The flavonoid quercetin inhibits thyroid-restricted genes expression and thyroid function (2014)
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0278691514000301#:~:text=Quercetin%20decreases%20the%20expression%20of,in%20FRTL%2D5%20thyroid%20cells.
Intolérance à l’histamine ou fausses allergies alimentaires de mécanisme histaminique
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1877032016300963
Je suis Céline Jablonski, praticienne naturopathe à Paris et en visio, certifiée, adhérente au Syndicat des Professionnels de la Naturopathie, et formatrice en école de naturopathie. J’aide les personnes à retrouver un équilibre physique et émotionnel via les techniques naturopathiques (alimentation, activité physique, gestion du stress, usage de plantes…).
Via ce blog, je vous partage d’une manière accessible des connaissances et expériences que je trouve utiles, pour vous permettre d’aller mieux.
Ces conseils ne remplacent ni ne doivent vous priver de consulter votre professionnel de santé.