Un thème plutôt tabou, mais courant. De nombreux/ses consultant.s y sont sujets, sans que ce soit l’objet de leur visite, donc je me suis dit qu’un article serait le bienvenu. Voyons comment soulager les hémorroïdes naturellement.
Juste avant, un mot sur les facteurs de risque: ils sont plus élevés autour de la grossesse, accouchement et post-partum, mais aussi quand on prend en âge, qu’on est sédentaire, avec du surpoids….sans oublier les troubles du transit. Notamment la constipation.
Lien entre constipation et hémorroïdes
La constipation est un problème très courant, qu’elle soit occasionnelle ou chronique. Désagréable dans les deux cas, quand elle est chronique, elle peut aussi engendrer pour nombre de problèmes de santé. Parmi eux, les hémorroïdes. Il y a accumulation des selles dans le gros côlon, ce qui engendre une pression, notamment au niveau du rectum. La circulation sanguine est entravée à cet endroit à cause de la pression. Il peut alors y avoir formation d’hémorroïdes, qui sont en fait des varices d’une veine au niveau rectum ou anus. Nous avons tous des veines à cet endroit, mais quand elles se dilatent, il y a formation d’une boule qui peut être douloureuse, et entrainer des brûlures.
Quand il y a des hémorroïdes, la personne a tendance à éviter d’aller à la selle, de peur d’avoir mal…d’où un cercle vicieux. Ce ne sont bien sûr pas les seules causes, et constipation ne rime pas toujours avec hémorroïdes et inversement.
Quand il y a saignement, et en cas de doute, il faut consulter votre médecin. De même quand la constipation est chronique et le passage à la selle trop espacé…Il faut s’assurer qu’il n’y a pas un problème plus grave sous-jacent.
Nous allons d’abord voir comment soulager les hémorroïdes naturellement, puis au-delà, la stratégie à adopter pour éviter qu’ils ré-apparaissent.
Comment soulager les hémorroïdes naturellement
Premier réflexe: le froid !
Le froid…surtout pour les hémorroïdes externes, mais en interne le froid aide aussi. Vous avez le choix entre le bain de siège avec de l’eau très froide, ou imbiber une compresse stérile d’eau très froide, ou utiliser un glaçon (stocké proprement au congélateur cela va sans dire), et appliquer sur la zone douloureuse. Le froid a un effet vasoconstricteur, c’est-à-dire qu’il contractera les veines dilatées, et aussi un effet anesthésiant bienvenu. Et comme la douche écossaise sur les jambes, l’eau froide a cet endroit aura un effet positif sur la circulation sanguine. Dans tous les cas, éviter le chaud (surtout les bains chauds, le sauna / hammam etc) !
Vous pouvez aussi demander conseil à votre pharmacien, il existe des produits en ventre libre à base de plantes, parfois à base d’homéopathie (le naturopathe ne peut proposer de l’homéopathie), qui pourront soulager. Certaines plantes ont des contre-indications (nous allons en passer en revue au sujet de la prévention plus loin).
Les huiles essentielles
Pour soulager, mais pas que…. Par contre, attention vraiment avec les huiles essentielles sur les parties génitales. Cela doit rester très ponctuel et exceptionnel. Il est généralement recommandé de faire un test 24h sur le pli du coude. Si jamais la zone vous fait encore plus mal, imbiber un coton ou une compresse d’huile végétale et nettoyer (les huiles essentielles n’étant pas hydrosolubles, elles partiront mieux ainsi).
- L’huile essentielle de ciste ladanifère a des propriétés hémostatiques aussi, c’est-à-dire anti-saignements. Elle est aussi cicatrisante.
Comment ? Toujours à diluer : 2 gouttes dans ½ cuillère à café d’huile végétale. 2 jours maximum, 4 fois par jour. Vous pouvez appliquer ce mélange après avoir été la selle.
Contre-indications : 1er trimestre de grossesse, troubles hormono-dépendants, et précautions en cas de prise d’anti-coagulants.
- L’huile essentielle de menthe poivrée a des propriétés vasoconstrictrice et antalgique. Elle apporte un effet « froid » ce qui peut soulager cette zone.
Comment ? Comme ci-dessus pour la ciste.
Contre-indications: grossesse et allaitement, enfant < 6 ans, usage prolongé.
- L’huile essentielle d’hélicryse italienne : j’en parle en dernier, ce qui ne va pas dire qu’elle est le dernier choix loin de là ! Mais son prix est élevé (25€ les 5ml environ). Excellente pour tous les bobos, bleus, elle régularise les troubles de la circulation. Elle favorise aussi la résistance des capillaires sanguins. Enfin, elle est cicatrisante. A utiliser notamment quand les hémorroïdes sont très gonflés.
Comment ? Comme ci-dessus.
Contre-indications : en voie externe: femme enceinte et enfant de moins de 6 ans.
Choix de l’huile végétale : si vous n’avez rien d’autre sous la main, l’huile d’olive fera bien l’affaire. Mais le mieux est l’huile de calophylle, car elle est anti-inflammatoire et est un très bon protecteur des vaisseaux sanguins.
La prévention des hémorroïdes
L’alimentation
L’alimentation de « type naturopathique » est le premier pilier pour prévenir la constipation (voir plus loin), et pour prévenir l’insuffisance veineuse. Les fibres devront être au rendez-vous, les omégas 3, ainsi que les anti-oxydants.
- Parmi les anti-oxydants, les aliments riches en rutine sont à invités à votre table car ils tonifient les veines : sarrasin, une des meilleures sources, le raisin, les pommes non «épluchées (donc bio !).
- Les autres types d’anti-oxydants sont à favoriser aussi : ail, thé vert / matcha, baies, aromates, oignons, brocolis.
- Sans oublier la vitamine E présente dans l’huile de germe de blé (il faut aimer son goût !), et le sélénium dans les noix du Brésil.
- Les aliments riches en vitamine C viendront agir en synergie.
Il est recommandé d’éviter les excès alimentaires et entre autres :
- les irritants alimentaires (poivre, piments, épices piquantes, alcool…)
- l’excès de sodium, donc les excès de sel et de nombreuses boissons gazeuses,
- les sucreries et aliments à index glycémique élevé,
- les graisses saturées et trans bien sûr.
Les plantes
- Le marronnier d’Inde :
Son écorce est la plus connue pour les hémorroïdes. Il est : hémostatique, anti-œdémateux, veinotonique, vaso-constricteur, anti-inflammatoire, et il augmente la résistance des capillaires sanguins.
Comment ? Par exemple sous forme de teinture mère ou d’extrait fluide : 40 gouttes 2 fois par jour. Pendant 3 semaines.
Contre-indications : femmes enceintes et allaitantes, enfants de moins de 12 ans, gastrites et ulcères gastro-duodénaux, éviter d’associer à des anti-coagulants ou hypoglycémiants.
- La vigne rouge
Ses feuilles sont un tonique veineux, qui a une action protectrice sur les capillaires sanguins, et qui les renforce.
Comment ? En infusion : 1 cc de feuilles séchées / coupées dans une tasse d’eau chaude. 3 tasses par jour, pendant 3 semaines.
Contre-indication : aucune aux doses indiquées.
- L’hamamélis (totum)
Vasoconstricteur veineux, cette plante a aussi des propriétés cicatrisantes locales et est anti-inflammatoire.
Comment ? Faire bouillir 5-10g du totum dans 250ml d’eau quelques minutes. Une fois refroidi, appliquer à l’aide d’une compresse sur la partie atteinte, 3 fois par jour.
Contre-indications : Aucune pour cette indication.
Vous pourrez trouver aussi des compléments ou des mélanges de ces différentes plantes (et d’autres, petit houx, mélilot etc).
Il existe aussi des compléments alimentaires de rutine.
Côté gemmothérapie, pensez aux bourgeons de sorbier et de châtaignier. Les quantités seront indiquées sur les produits (car il y a différentes sortes de gemmo). On en prend généralement 3 semaines avec une pause d’une semaine avant de recommencer éventuellement.
Chouchouter son foie
« L’anus est l’œil du foie », dit-on en naturopathie..je vous l’accorde, l’expression n’est pas très « classe », mais retenez que les deux sont liés. La veine porte transporte le sang désoxygéné qui transporte les nutriments issus de la digestion jusqu’au foie. Quand le foie est chargé, cette veine porte est congestionnée, ce qui a un impact sur la zone anale.
Prendre soin de son foie est donc nécessaire : detox, soutien du foie ou de sa régénération, cela dépendra des priorités pour vous, à l’instant T. Certaines personnes n’ont pas assez de vitalité par exemple pour entamer une détoxification du foie. Votre naturopathe saura vous conseiller suite à un entretien détaillé. Notamment, jamais de detox si vous êtes enceinte ou allaitez !
Les différentes techniques de naturopathie seront utilisées dont l’alimentation, la gestion du stress, l’hydrologie, la phytothérapie spécifique au soutien hépatique, voire la réflexologie etc. …
Et comme tout est lié, abordons maintenant la constipation.
La prévention de la constipation pour soulager les hémorroïdes naturellement
Comme dit en introduction, constipation et hémorroïdes sont souvent liés. Il est donc important de prévenir la constipation et lutter contre quand elle est installée. La constipation peut être due à toute une variété de facteurs, et le foie surchargé en est un. Ces deux émonctoires, ces deux filtres de notre corps que sont le foie et les intestins sont liés : le bon fonctionnement de l’un va avec le bon fonctionnement de l’autre.
Il y aura bientôt un article ou un e-book sur la façon dont la naturopathie peut aider en cas de constipation, mais en attendant voici quelques pistes. Avant tout, il faut adresser la cause de la constipation : si c’est les hémorroïdes, vous savez à présent que faire. Mais cela peut être autre chose, qui justement sont des pistes à creuser :
- la constipation est-elle due à une hypothyroïdie ?
- à une alimentation pauvre en fibres ?
- à un foie qui « rame » (référence à la section ci-dessus) ?
- à une activité physique trop peu fréquente ?
- à du stress ?
- à un mégacôlon ?
- etc etc
Voici donc quelques premiers éléments à intégrer, mais retenez bien qu’adresser la cause est primordiale :
- l’alimentation doit être source de fibres, au moins 25g de fibres par jour : légumes surtout, un peu de fruits, légumineuses et céréales complètes ou semi-complètes si vos intestins le permettent,
- une quantité suffisante d’eau (hors tisanes, café, etc) doit être bue régulièrement tout au long de la journée,
- certains aliments à mucilage aident : le psyllium blond, les graines de lin moulues, les graines de chia moulues aussi,…
- une pratique suffisante d’activité physique, a minima marcher rapidement 45min par jour,
- la gestion du stress et des émotions, est importante,
- les massages du ventre type le Chi Nei Tsang,
l’usage de plantes, mais pas n’importe lesquelles, pas « n’importe comment ». La plupart ont des contre-indications et ne sont pas à utiliser sur le long terme. Je vous invite à demander conseil à votre naturopathe, votre pharmacien, ou votre herboriste.
Conclusion
Nous avons donc vu comment soulager de manière naturelle les hémorroïdes et surtout comment les prévenir, grâce à une alimentation adéquate riche en anti-oxydants notamment, de l’exercice physique et certaines plantes. Je n’ai pas parlé jusqu’ici d’exercices de respiration, mais ils ont toute leur place: en effet, la respiration ventrale aide à décongestionner le petit bassin. Je vous souhaite donc d’arriver à mettre fin à ces crises si douloureuses !
Sources:
– Livre « 300 plantes médicinales de France et d’ailleurs », de Claudine Luu et Annie Fournier, éditions Terre vivante.
– Preventing hemorrhoids during pregnancy: a multicenter, randomized clinical trial (2022)
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35490229/
– Flavonoid mixture (diosmin, troxerutin, rutin, hesperidin, quercetin) in the treatment of I-III degree hemorroidal disease: a double-blind multicenter prospective comparative study (2018)
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29934701/
– [The therapeutic effectiveness of chestnut extract] – PubMed (nih.gov)
Je suis Céline Jablonski, praticienne naturopathe à Paris et en visio, certifiée, adhérente au Syndicat des Professionnels de la Naturopathie, et formatrice en école de naturopathie. J’aide les personnes à retrouver un équilibre physique et émotionnel via les techniques naturopathiques (alimentation, activité physique, gestion du stress, usage de plantes…).
Via ce blog, je vous partage d’une manière accessible des connaissances et expériences que je trouve utiles, pour vous permettre d’aller mieux.
Ces conseils ne remplacent ni ne doivent vous priver de consulter votre professionnel de santé.